Sophie Schmutz, Artisan batelier

« Au début j’ai découvert ce métier plus par obligation d’orientation professionnelle, puis c’est devenu une vocation. »

Quel est ton métier ? Et depuis combien de temps l’exerces-tu ?

Je suis transporteur fluvial depuis 1981, soit depuis plus de 40 ans. J’ai été apprentie au CFANI (Centre de Formation d’Apprentis de la Navigation Intérieure) de 1981 à 1983.

Ce métier c’est une vocation pour toi ou tu l’as découvert un peu par hasard ?

J’étais bonne élève en primaire et j’adorais les activités extra-scolaire (dessin, photo, peinture, basket (j’étais “Capitaine“ d’équipe, peut-être déjà prédestinée))… Je manquais de motivation pour poursuivre mes études au-delà de la 3ème, mes parents bateliers ont donc décidé de m’inscrire au CFA de la navigation. Au début j’ai donc découvert ce métier plus par obligation d’orientation professionnelle, puis c’est devenu une réelle vocation. En 1983 j’ai fini 3ème de ma promo sur 44 élèves !

Les femmes sont-elles bien acceptées à bord des bateaux ? Y a-t-il eu une évolution de la place des femmes dans le secteur ?

Dans les entreprises familiales, la femme occupe bien souvent le poste de matelot et assure également la gestion administrative. Quelques-unes d’entre nous se sont imposées en vrai chef d’entreprise, suite à l’obligation d’être titulaire de l’attestation de capacité professionnelle, afin de créer sa propre entreprise. Je ne connais qu’une femme sur le Rhône qui occupe un poste de capitaine. Je pense que cela est dû à la complexité de la vie a bord, l’aménagement du lieu de vie et également à la bonne condition physique nécessaire pour occuper le poste de matelot. Mais la situation évolue ! Dans le secteur du tourisme par exemple, où il y a des femmes matelotes et quelques femmes “Second“ ou “Capitaine“.

Ça apporterait quoi plus de femmes dans le secteur fluvial ?

La parité sur des postes à responsabilité ! L’écoute, l’empathie, la rigueur, les femmes sont souvent plus méticuleuses que les hommes également, même si elles peuvent, peut-être, être plus difficiles à gérer en groupe. Le secteur fluvial a fortement évolué et l’exercice de l’activité également.

Comment attirer davantage de femmes vers les métiers fluviaux ?

Le secteur du tourisme fluvial peut être une première approche vers les métiers fluviaux. Un job d’été, une reconversion dans la restauration et/ou l’hôtellerie, peut être un moyen de découvrir notre secteur. Il faudrait également développer la promotion des métiers fluviaux dans les établissements scolaires et dans l’enseignement secondaire. Il faut montrer que tout le mode peut trouver sa place dans notre secteur.

Que conseillerais-tu à une femme qui souhaiterait se lancer et rejoindre le fluvial ?

Foncer… Vouloir c’est pouvoir !! Mais il faut s’accrocher…

Y a-t-il autre chose que tu souhaiterais partager ?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille et les petits ruisseaux font de grandes rivières…