Marie Pouttisou, Belmond Afloat in France

« Travailler dans le fluvial va bien au-delà du simple choix professionnel, c’est un choix de style de vie, qui conduit à rencontrer des personnes passionnées par leur métier. »

Quel est ton métier ? Et depuis combien de temps l’exerces-tu ?

Je suis la Directrice Générale des Bateaux Belmond (LVMH) depuis 2 ans. Nous sommes propriétaires et opérateurs de 7 péniches hôtels de luxe qui naviguent sur toute la France d’avril à fin octobre.

Ce métier c’est une vocation pour toi ou tu l’as découvert un peu par hasard ?

Je l’ai découvert tardivement… Mon parcours professionnel est fortement lié à tout ce qui touche à l’hôtellerie, la restauration et plus généralement à l’industrie du tourisme, mais la niche « péniche hôtel » ne fait partie de mon panorama que depuis que j’ai rejoint le groupe Belmond en 2018. Cela dit, mon arrière-grand-père était éclusier, c’est quand même une belle coïncidence !

Les femmes sont-elles bien acceptées à bord des bateaux ? Y a-t-il eu une évolution de la place des femmes dans le secteur ?

Je ne suis en poste que depuis 2 ans et mon point de vue se base donc sur une expérience personnelle limitée. Mon arrivée au poste de DG, alors que je ne venais pas du monde des péniches hôtels, a été, je crois, une grosse, mais bonne surprise pour la plupart de nos employés. Au sein de Belmond, nous nous efforçons de montrer toujours plus d’égalité et de parité au niveau de nos ressources humaines, et encourageons vivement la diversité dans nos équipes. Ma nomination a donc été un message fort mais cohérent avec les valeurs du groupe.

 

Au quotidien, je me rends bien compte qu’il existe encore une très forte distinction entre les rôles. Le personnel navigant tend à être principalement masculin, alors que les rôles d’hôtes d’accueil sont encore majoritairement tenus par des femmes. Cela dit, nous avons depuis quelques années des jeunes filles qui occupent des postes de matelot et préparent leur brevet de pilote, tandis que nous commençons à voir plus de candidats masculins pour les rôles d’hôte, ce qui me laisse à penser que nous allons vers plus de mixité.

En ce qui concerne l’acceptation, je ne peux pas généraliser, mais en tout cas, chez les Bateaux Belmond, sont bien acceptées les personnes qui ont un comportement hautement professionnel et qui prennent au sérieux leur rôle, quel qu’il soit. Le genre importe très peu, en somme.

Ça apporterait quoi plus de femmes dans le secteur fluvial ?

Sans vouloir tomber dans les clichés, je pense qu’il est toujours intéressant d’avoir de la mixité femmes-hommes dans les équipes. Cela permet d’avoir une vision et une analyse plus complète des situations, une gestion des problèmes plus réfléchie et souvent plus mesurée.
Mais surtout, d’un point de vue purement pragmatique, vue les difficultés à embaucher auxquelles nous faisons tous face, réussir à attirer plus de femmes dans le secteur fluvial permettrait d’augmenter le bassin de talents potentiels.

Comment attirer davantage de femmes vers les métiers fluviaux ?

En faisant la promotion de la filière auprès des plus jeunes, lorsque les choix professionnels ne sont pas encore trop définis. En incitant les employées actuelles des métiers fluviaux à évoluer dans des postes à responsabilité pour montrer que cette filière offre des perspectives de développement aux femmes aussi bien qu’aux hommes. En repensant la façon dont sont structurés les contrats de travail dans certains métiers pour que les rythmes de travail soient davantage compatibles avec une vie de famille.

Que conseillerais-tu à une femme qui souhaiterait se lancer et rejoindre le fluvial ?

De se renseigner sur tous les métiers possibles et de ne pas penser que certains sont « seulement pour les hommes » mais surtout de faire preuve de résilience et de force de caractère. C’est un milieu dans lequel le respect se gagne avec le temps et l’expérience, les gens sont jugés sur la base de leur travail, de leur passion pour ce qu’ils font, il n’y a pas de place pour la paresse et la demi-mesure !

Y a-t-il autre chose que tu souhaiterais partager ?

Travailler dans le fluvial va bien au-delà du simple choix professionnel, c’est un choix de style de vie, qui conduit à rencontrer des personnes passionnées par leur métier, avec un profond respect pour le patrimoine immense que représentent aujourd’hui nos voies navigables.